Mon premier métier était dans la restauration, en tant que serveur en salle. J’y ai travaillé pendant 7 à 8 ans. Malheureusement, ce métier reste souvent sous-estimé, ingrat et mal rémunéré.
Cependant, il comporte de nombreux aspects positifs lorsqu’on y regarde de plus près.
On y développe des compétences variées, comme la capacité à gérer un service dans sa globalité, à interagir avec la clientèle, à gérer les périodes de rush et à servir efficacement tout le monde dans les délais.
Ce métier exige aussi une grande maîtrise de la communication, la capacité à être force de proposition, à vendre pour augmenter le ticket moyen, à gérer le stress, à manipuler une caisse enregistreuse, à jongler entre les demandes des clients et celles de la cuisine, ainsi qu’à entretenir des relations clients. Il faut également gérer les « offerts », l’entretien des locaux, les réservations, et savoir les optimiser pour accueillir davantage de clients, en jouant parfois au "Tetris".
Enfin, il faut savoir organiser et gérer les privatisations.
Justement, lors de ma toute première expérience avec une privatisation, nous avons rencontré un gros problème d’organisation.
Il s’agissait d’une soirée offerte par une entreprise à son personnel dans l’un des restaurants branchés où je travaillais.
Nous devions accueillir environ 120 personnes à dîner, en simultané !
À l’époque, j’étais relativement jeune, et n’ayant pas d’expérience préalable dans ce type d’événement, je n’ai pas participé à son organisation. J’ai simplement été affecté au service.
Le soir venu, les 120 convives étaient installés et attendaient d’être servis. Les menus dédiés ont été distribués, et une fois les choix faits par chacun, un problème majeur est apparu :
Comment savoir précisément qui mange quoi (entrée, plat, dessert), à quelle table, combien de couverts à servir, et surtout, quand envoyer la suite pour les plats ?
Le stress a commencé à monter, d’autant que la cuisine s’impatientait face à ce manque d’informations.
Voyant le patron et la responsable de salle peiner à trouver une solution, j’ai proposé, dans l’urgence, de créer un tableau sur papier détaillant toutes les informations nécessaires pour chaque table : numéro de table, nombre de couverts, nombre de personnes choisissant telle ou telle entrée, plat, ou dessert, etc.
Cette initiative a permis de reprendre en main l’organisation de la soirée et de transmettre toutes les données essentielles à la cuisine.
Le résultat a été au rendez-vous : les employés de l’entreprise étaient ravis, et le service s’est déroulé sans accroc.
Après le départ des convives, nous avons fait un débrief. La cheffe de cuisine a salué l’idée du tableau, et l’équipe en salle a été félicitée pour sa réactivité après ce moment de flottement et de stress intense.
Cette expérience nous a galvanisés.
Mes responsables ont accepté et écouté ma proposition, malgré mon jeune âge.
Par la suite, plusieurs autres privatisations ont été organisées avec succès, et la réputation du restaurant s’en est trouvée renforcée.
En plus du bilan positif, cette soirée m’a appris une leçon précieuse : peu importe l’âge ou l’expérience, on peut toujours apprendre de ses collègues, quels qu’ils soient.
L’écoute et l’adaptabilité sont essentielles, quelles que soient les circonstances.